Par date

Théâtre des Bouffes-Parisiens

Revue et gazette musicale de Paris – 22 novembre 1857

LES DEUX PECHEURS,
Opérette en un acle, paroles de MM. BOURGET et DUPEUTY, musique de M. OFFENBACH.
(Première représentation le 13 novembre 1857.)

LES PETITS PRODIGES,
Opérette en un acte, paroles de MM. JAIME FIls et Trefeu, musique de M. E. JONAS.
(Première représentation le 19 novembre 1857.)

Les Bouffes-Parisiens viennent d’ajouter coup sur coup à leur répertoire deux opérettes qui sont destinées à piquer vivement la curiosité et à remplir longtemps la jolie salle du passage Choiseul.

La première procède des Deux Aveugles, qui devait tôt ou tard susciter des imitateurs. Nous sommes même surpris que le pendart de ce joyeux tableau ait attendu jusqu’à ce jour pour se produire.

Deux pêcheurs, les sieurs Beauminet et Polissard, sont à l’œuvre depuis trois heures du matin dans une petite île de la Seine, et ce n’est qu’aux premières lueurs de l’aube qu’ils s’aperçoivent de leur mutuel voisinage. Or ils ont intérêt l’un et l’autre à s’évincer ; Beauminet, parce que c’est un pêcheur sérieux qui, à l’instar de ses pareils, a horreur de la concurrence ; Polissard, parce que la pêche n’est pour lui qu’un prétexte qui lui permet de ne pas perdre de vue la fenêtre d’une jeune ingénue dont il espère amorcer le cœur. De là un duel de subterfuges entre nos deux particuliers pour se débarrasser d’une société gênante. Mais c’est à qui ne cédera pas, en dépit de la grêle de calembours et de rébus qu’ils se jettent à la tête. Enfin le soleil se montre, et Beauminet, qui, outre sa qualité de pêcheur, possède aussi celle d’huissier à la façon de M. Jovial, met la main sur le collet de Polissard qu’il a reconnu pour un de ses débiteurs. — Je t’arrête... de poisson, lui dit-il. — Tu te trompes... d’éléphant, répond l’autre. Et toutes ces facéties un peu risquées se terminent par l’explication de rigueur et par le mariage de Polissard avec son ingénue, qui est la nièce de Beauminet.

Nous préférons les Deux Aveugles, et cependant nous avons ri à la représentation des Deux Pécheurs, qui n’ont peut-être eu d’autre tort que d’arriver après. La musique y tient d’ailleurs peu de place, mais, selon sa coutume, Offenbach a racheté cette pénurie par l’excellente qualité de ses inspirations bouffonnes. C’est parmi ses meilleures et ses mieux réussies qu’il faut ranger la chansonnette comique de la Grenouille au Camélia et la ballade grotesque de Gastilbêta. Quand bien même les Deux Pêcheurs n’auraient pas d’autres titres, ceux-là seuls suffiraient. Nous citerons pourtant encore un fort joli petit duo : Venez, venez, petits poissons, et une scène finale dialoguée qui ramène heureusement le motif de la ballade. Pradeau est amusant dans le rôle de Beauminet ; celui de Polissard n’est pas mal joué par Gerpré, comédien adroit et intelligent ; nous y aurions cependant préféré un acteur plus excentrique, tel que Léonce ou Désiré.

(...)

D.

Par date
Par œuvre
Rechercher
Partager