Parisiens, réjouissez-vous ; musiciens jeunes et vieux, tressaillez d’aise : nous possédons enfin un Théâtre Lyrique !
Le ministre des beaux-arts vient de signer, disent les autres, la nomination de M. Albert Vizentini comme directeur de ce théâtre.
La subvention de 200,000 francs va donc être accordée à la Gaîté qui cessera d’être la Gaîté.
Mais cette transformation ne pourra s’opérer de suite.
Ce n’est que l’hiver prochain qu’aura lieu l’inauguration officielle du nouveau Théâtre Lyrique et, pour le moment, M. Vinzentini ne peut avoir d’autre pensée que d’exploiter la pièce en cours de représentation, le Voyage dans la lune, dont la carrière promet d’être aussi longue, et aussi fructueuse que celle du Tour du monde.
En attendant que ce grand succès soit complètement épuisé, le directeur du Théâtre-Lyrique se bornera à donner, le jeudi et le dimanche, des matinées musicales où l’on pourra entendre les symphonies et les oratorios de la jeune école.
Puis au mois d’octobre prochain, viendra Paul et Virginie de Massé et, pour alterner avec cet opéra ou lui succéder, le Dimitri de Joncières et les Erinnyes de Massenet.
Mais encore une fois, le Théâtre-Lyrique doit rester Théâtre de la Gaîté tant que le Voyage dans la lune fera de l’argent.
M. Wallon, ministre de l’instruction publique et des beaux-arts, assistait hier à la représentation de cette féerie qui, jouée depuis environ trois semaines, a fait le chiffre colossal de 221,464 francs de recettes.
Nous souhaitons au nouveau directeur du Lyrique beaucoup d’opéras qui fassent autant d’argent.
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Mme Judic n’avait signé aux Bouffes que pour la représentation de la Créole.
Elle vient de renouveler son engagement et reprendra, pendant la saison actuelle, ses deux grands succès la Timbale et Madame L’Archiduc, dans lesquels elle aura pour partenaire Mlle Zélie Weill, qu’on a déjà vue dans la Jolie Parfumeuse.
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Gustave Lafargue.