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Les BOUFFES-PARISIENS ont enfin donné leur Princesse de Trébizonde, retour de Bade, qui en chemin s’est accrue d’un acte tout entier et a recruté deux interprètes nouvelles de beaucoup de grâce et de talent, Mme Céline Chaumont et Mlle Van Ghel. Dans ces conditions, l’ouvrage dont la fortune fut un peu douteuse en la bonne ville de M. Dupressoir, a obtenu, au passage Choiseul, un succès très-franc, très-mérité.
Comme sujet, c’est un peu la continuation des fameux Saltimbanques de Dumersan et Vann. Seulement Bilboquet s’appelle maintenant Cabriolo, et se trouve en possession d’un château gagné à la loterie. Vous voyez d’ici, au milieu des splendeurs, le noble saltimbanque et son intéressante famille ; ils ont la nostalgie de leur ancien métier, de leur vie d’indépendance au grand soleil des longs chemins. A table, Cabriolo fait tourner les assiettes au bout de sa canne, il soulève des poids et songe à faire installer dans son parc une corde roide ; le tout entremêlé par MM. Nuitter et Tréfeu d’intrigues amoureuses assez plaisantes, que je n’entreprendrai pas de raconter.
La musique qu’Offenbach a composé sur ce cannevas est leste et pimpante. Au 1er acte, on a bissé les couplets de Mlle Chaumont : « Quand je suis sur la corde roide ; » au second acte, le plus riche, citons le joli quintette des assiettes, un chœur de chasseurs et un duo d’amour ; enfin, au 3e acte, deux bis unanimes pour la petite ronde des pages et pour un duo scénique détaillé par Mme Chaumont et Bonnet avec une grande finesse.
Mme Thierret, Désiré, Berthelier, Bonnet et Edouard Georges ont lutté de gaîté et d’entrain ; Mmes Céline Chaumont, Van Ghel et Fonti, de grâce et de gentillesse. On peut dire, sans être taxé d’exagération, que Mme Chaumont est sur la pente qui mène tout droit au talent des Déjazet.
Trois jours après, l’infatigable Offenbach, suivi de ses Brigands, livrait une nouvelle bataille, — celle-ci sur la scène du théâtre des VARIÉTÉS et sous les auspices de MM. Meilhac et Halévy, les librettistes de la Belle-Hélène, de Barbe-Bleue et de la Grande-Duchesse.
Nouvelle victoire à enregistrer et dans la même semaine deux succès sur deux théâtres rivaux. Décidément le maestro Offenbach est l’enfant chéri de l’opérette. Le voici, pour tout l’hiver, à la tête de doubles droits sur des recettes maximum, et notez que la loi projetée sur le cumul des gros traitements ne saurait atteindre les auteurs et compositeurs dramatiques.
A dimanche prochain les hauts faits des Brigands et probablement aussi ceux des Turcs du maestro Hervé dont les répétitions font augurer un succès d’autant plus durable que le musicien s’y est tout-à-fait élevé au-dessus du genre de l’opérette.
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H. Moréno.
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