On se rappelle que lors de la reprise du Voyage dans la Lune, au Châtelet, M. Castellano eut un différend avec les auteurs de cet ouvrage, fut traduit par eux devant la commission, reçut un blâme motivé, ne s’en porta pas plus mal, et fut, en définitive, solennellement censuré dans le rapport lu a l’assemblée générale par M. Claretie, alors secrétaire de la commission.
Le lendemain, M. Castellano publiait dans tous les journaux une lettre adressée à ladite commission et qui commençait ainsi : « Vous me permettrez de ne pas prendre au sérieux le blâme que vous m’avez infligé. »
Ce fut un éclat de rire le long des boulevards, et les foudres de la commission furent irrespectueusement raillées dans tous les foyers de théâtre.
Mais le pontife Maquet ruminait sa vengeance. Sous sa présidence, on prit la résolution de ne plus jamais renouveler le traité du Châtelet tant que M. Castellano en serait le directeur.
Dernièrement, à la reconstitution de la Société, M. Castellano s’adressa à la commission et lui demanda tranquillement un renouvellement.
Et la commission, présidée et composée exactement comme elle l’était lorsque le directeur du Châtelet se moquait si bien d’elle, s’empressa d’accéder à son désir. Mais l’amour-propre des commissaires a été sauvegardé de la façon la plus ingénieuse l’ancienne société des auteurs n’existe plus c’est celle-là que M. Castellano avait bafouée la nouvelle n’a pas à s’inquiéter de ces détails périmés.
C’est égal, vienne un conflit, le directeur du Châtelet aura-t-il le droit d’écrire à ces messieurs « Vous me permettrez de ne pas prendre vos décisions au sérieux ? »
François Oswald.